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Libye, l'impunité sans fin 

Le documentaire "Libye, Anatomie d'un crime", Cécile Allegra et Céline Bardet, 2018

En 2015, Cécile Allegra a proposé à WWoW de filmer le travail des activistes libyens et de mettre en lumière le phénomène du viol systématique utilisé en Libye. Le tournage durera deux ans et demi suite aux nombreuses difficultés et aux enjeux sécuritaires et de protection des protagonistes.          

                                     

L'enquête relative au film « Libye Anatomie d’un crime » a permis de documenter en image l’existence du viol comme outil de répression politique à l’encontre de nombreux Libyens, mais il a surtout mis au jour l’existence de la pratique du viol des hommes (que personne n’avait pu documenter auparavant) ; par le recueil d'interviews de nombreuses victimes qui ont accepté́ de témoigner face caméra en révélant leur identité pour certains.

                                                 

Le documentaire a également démonté la mécanique de cet outil, le motus operandi, son caractère systématique et organisé en recueillant aussi l'interview de tortionnaires, qui ont donné les détails de leur « entreprise » et confirmé ainsi les témoignages des victimes. La concordance de tous ces témoignages a permis de révéler un système complexe mis en place dans toute la Libye. Le documentaire met aussi en lumière le travail des activistes libyens pour documenter ces crimes et l’immense difficulté pour y parvenir. Il montre aussi l’invisibilité des victimes, sans oublier l’absence totale de services appropriés notamment chirurgicaux et médicaux.

                                                 

Ce documentaire a été diffusé sur ARTE en France et Allemagne, à l’automne 2018, a gagné le Prix OMCT du meilleur documentaire au festival international du film sur les Droits Humains de Genève (FIFDH) et a été diffusé sur plusieurs chaines nationales étrangères. Il est présenté au Festival de Bayeux en Octobre 2018 ainsi que nommé au Prix Europa 2018 à Berlin.

Il constitue un outil de plaidoyer efficace d’autant qu’il a été réalisé en collaboration complète avec l’organisation WWoW et Céline Bardet, elle-même co-auteur du documentaire.

Trailer du documentaire "Libye, Anatomie d'un crime". 

La consolidation d'un réseau de défenseurs des droits humains à travers le monde ​

En 2014, WWoW a entamé un important travail de collaboration et de documentation très productif avec les défenseurs des droits humains libyens. Ce réseau compte aujourd'hui près de 100 individus, et 10 organisations de la société civile. Il a acquis des capacités remarquables de documentation des crimes internationaux commis depuis la révolution de 2011 et d'identification des victimes, avec un focus particulier sur les violences sexuelles à l'encontre des hommes. Ceci a permis le recueil de plus de 1800 dossiers qui seront intégrés à BackUp et analysés à des fins judiciaires et pour participer au travail de mémoire nationale. De plus, plus de 300 hommes ont été identifiés comme victime de violences sexuelles nécessitant une intervention médicale et parfois chirurgicale depuis parfois plusieurs années. De nombreuses victimes restent encore à être identifiées. 

La plainte en compétence universelle contre le Maréchal Haftar, 2018 

Face à l'absence d'actions concrètes de la CPI et à l’impossibilité d’une justice nationale à ce jour, la lutte contre l’impunité en Libye peut s’entrevoir à partir de pratiques plus innovantes, comme le mécanisme juridique de compétence universelle. Selon ce principe, une personnalité juridique est compétente pour poursuivre un criminel peu importe sa nationalité et le lieu de son crime, à condition de remplir des critères qui varient selon les pays. En France, en matière de torture, il suffit que le criminel présumé pose le pied sur le sol français .

 

C’est dans ce cadre que deux plaintes ont été déposées à l’encontre du maréchal Haftar, dont les milices ont commis d’innombrables exactions, en avril 2018. L'une de ces plaintes a été déposée par We Are NOT Weapons of War et l’avocate Ingrid Metton auprès du Tribunal Judiciaire de Paris en son pôle Génocides et crimes contre l’humanité. Cette plainte constitue la première plainte admissible en France concernant le cas libyen et est toujours en cours d’instruction.

 

Elle vise à remonter la chaîne de commandement qui a mené, fin 2014, à la torture du plaignant par une milice affiliée à l’Armée Nationale Libyenne du maréchal Haftar, au moment où celui-ci déployait les opérations « Dignity » et « Snake’s Sting » pour reprendre le contrôle de l’Est libyen. Ainsi, si la plainte n’inclut pas d’accusation de viol, elle laisse entrevoir la compétence universelle comme une voie possible pour remonter jusqu’aux commanditaires et poursuivre, à l’avenir, les responsables de violences sexuelles en Libye.

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