LES PHASES DE PREUVES DE CONCEPT DE BACKUP
Entre mai 2019 et février 2020, WWoW a effectué différents déplacements sur le terrain dans deux zones en Afrique : Guinée-Conakry et Rwanda, dans le but de tester le prototype de BackUp et de recueillir les premiers retours des utilisateurs.
Après avoir rencontré près de 600 personnes, ces tests nous ont permis d'identifier des réseaux sur le terrain qui faciliteraient le déploiement de l'outil. Ils ont également permis de valider sa pertinence, son agilité, sa flexibilité et sa facilité d'utilisation.
BackUp répond aux besoins très concrets des bénéficiaires sur le terrain (victimes, lanceurs d'alerte, services de soins, institutions locales, etc.). Un intérêt particulier a été exprimé par ces utilisateurs pour la sécurité, l'accès à l'information et aux données en temps réel, viables et sourcées pour la prévention et la prédiction des exactions.
En outre, ces missions sur le terrain ont permis de recueillir des informations essentielles sur l'ampleur des violences sexuelles liées aux conflits et sur la manière d'améliorer certaines fonctions de BackUp afin d'en améliorer son utilisation et son efficacité. Ces éléments étaient cruciaux pour assurer la poursuite de son déploiement dans les mois à venir.
En substance, la principale force de BackUp réside dans sa dimension numérique et sa capacité de diffusion rapide et sécurisée. L'outil a vocation à être constamment mis à jour et recalibré sur la base du retour d'expérience des utilisateurs. Il s'adapte en permanence, grâce à des indicateurs précis, à chaque contexte et à chaque besoin.
GUINÉE-CONAKRY
WWoW a conduit une mission préliminaire à Conakry en mai 2019.
De nombreuses consultations ont été menées auprès de différents acteurs, afin de recenser leurs besoins et évaluer la pertinence de BackUp dans ce contexte. Parmi les près de 300 personnes interviewées, l’équipe a pu présenter l’outil BackUp à :
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près de 100 survivantes et survivants du massacre du stade de Conakry lors de plusieurs focus group organisés avec l’appui de l’association AVIPA[1] ;
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plus de 100 membres des organisations de la société civile guinéenne, des représentants FIDH et de la Fondation Mukwege et évaluer les potentiels de coordination autour de leurs activités respectives et les besoins des organisations types défenseurs des droits ;
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institutions nationales notamment lors d’échanges directs avec les Ministres de la Justice et de la sécurité et protection civile, ainsi que la Capitaine de police, Mme Marie Gomez Cheffe de l’unité de police spécialisée sur les violences sexuelles, OPROGEM et ses équipes ;
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procureurs et juges d’instruction à travers une succession de focus groups ;
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plus de 150 élèves en formation à l’Ecole Nationale de Police de Conakry et en charge des dépôts de plainte ;
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plus de 80 Officiers de Police Judiciaire dans 5 Commissariats centraux et 6 commissariats urbains, à l’occasion de visites et d’entretiens, qui ont permis d’analyser les processus de travail lors des prises de plaintes des victimes et d’identifier les besoins ;
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la Délégation de l’Union Européenne et les représentants du programme européen PARSS [2] sur la sécurité, afin d’étudier les possibilités de coopération concernant les formations pour les officiers de police judiciaire et pour les procureurs ;
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plusieurs médecins, centres de santé et plus de dix agents psychosociaux.
BURUNDI / RWANDA
Deux missions ont été conduites en octobre 2019 et janvier 2020.
Du fait de la situation sécuritaire au Burundi et l'impossibilité de s’y rendre, WWoW a décidé de recadrer son action sur les territoires frontaliers où se trouvent les réfugiés burundais. L’équipe a effectué deux missions au Rwanda en 2019 et février 2020, afin de s’assurer de rencontrer l’ensemble des acteurs pertinents [3]. Les deux missions se sont effectuées en collaboration et avec l’appui de la Maison Shalom, fondée par Marguerite Barankitse [4]. Parmi les près de 350 personnes interviewées, l’équipe à pu présenter l’outil BackUp à :
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près de 20 organisations de la société civile à Kigali et Butare, dont : le Comité des Réfugiés Urbains, ACAT Burundi, Impunity Watch Burundi, Maison Shalom, (Marguerite Barankitse elle-même et l’ensemble de son équipe), le Mouvement des Femmes pour la Paix et la Sécurité, American Refugee Council entre autres. Tous ont des réseaux au sein du camp de Mahama et hors camp ;
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des membres du Haut Commissariat aux Réfugiés ;
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3 chercheurs burundais de l’Université de Kigali et de l’Aegis Trust[5] ;
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150 survivantes et survivants réfugiés urbains, dans le cadre de deux focus groups, en présence de la psychologue rwandaise de la Maison Shalom. Parmi eux, 80 n’avaient jamais témoigné de leur histoire en public ;
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10 survivantes et survivants du camp de Mahama pour analyser la faisabilité du dissémination de l’outil dans le camp et sa capacité de diffusion malgré les contraintes sécuritaires ;
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3 représentants des organisations de la société civile au sein du camp de Mahama ;
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10 survivants hommes qui n’avaient jamais parlé. La question des hommes victimes de violences sexuelles s’est révélée être une réelle problématique dans le cas du Burundi, qui au delà de la honte et du tabou, ne trouvent aucune écoute ni accès aux services, quant à leur situation et du fait de leur genre ;
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2 journalistes réfugiés burundais présents au Rwanda et qui documentent les crimes commis au Burundi depuis 2015 ;
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1 médecin généraliste de l'Hôpital Central de Kigali.
[1] Association des Victimes, Parents et Amies du 28 Septembre 2009
[2] Programme d'Appui à la Réforme du Secteur de la Sécurité en Guinée-Conakry et financé par l’Union Européenne
[3] La première mission de septembre 2019 n’avait pas été suffisamment concluante, WWoW a donc décidé d’organiser une deuxième mission afin de s’assurer de couvrir l’ensemble des acteurs et des besoins.
[4] https://www.maisonshalom.org/propos/maggy-barankitse
[5] Centre de recherche sur la prévention du génocide et de la violence de masse - https://www.aegistrust.org/