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Procès en Suède : La quête de justice pour les femmes yazidies se poursuit

Ces dernières années, le monde a été témoin des crimes de masse commis par l'État islamique (EI) contre la minorité Yazidi en Syrie et en Irak. Le procès en cours en Suède contre Lina Ishaq, accusée de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, marque une étape importante vers la justice pour la communauté Yazidi. Alors que l'accusée a systématiquement nié son rôle dans  les crimes commis contre cette minorité et s'est toujours présentée comme une victime, jouant sur les biais de genre relatif à ce conflit, le tribunal a fait témoigner  des victimes directes et des témoins qui étaient présents en Syrie avec elle et qui ont exposé son rôle dans la commission des crimes par l’EI conte les Yazidis.

 

Le procès se concentre sur le rôle de Lina Ishaq, une ressortissante suédoise qui a rejoint l'État Islamique et a déjà été condamnée par la justice. En effet, en 2022, le tribunal de Stockholm l’a condamné à six ans de prison pour ne pas avoirempêché son fils de 12 ans d’être enrôlé comme enfant soldat en Syrie, où il a été tué lors du conflit. Aujourd'hui, elle fait face à des accusations supplémentaires de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre en raison de sa participation présumée à l'achat et à l'asservissement de femmes et d'enfants Yazidi. Il lui est reproché la réduction en esclavages de plusieurs femmes, des actes de torture, des traitements inhumains et dégradants et la conversion forcée, contribuant ainsi à la persécution systématique de la communauté Yazidi.

 

Les autorités suédoises, en coordination avec UNITAD[1], se sont efforcées d'identifier les victimes Yazidis et de faciliter leur participation au procès. Neuf victimes sont venues d'Irak et d’autres pays où elles ont trouvé refuge, pour témoigner et affronter leur ancienne ravisseuse. Les preuves présentées au cours du procès comprennent les récits des victimes, détaillant les traitements brutaux qu'elles ont subis ainsi que des éléments collectés par les services de renseignement suédois. Le procès met également en lumière les fondements idéologiques de l'État Islamique, qui a justifié ces crimes dans le cadre de son interprétation extrémiste de l'islam.

 

Le rôle des femmes rapatriées, comme Lina Ishaq, qui s'est rendue en Syrie pour soutenir l'EI, est au cœur du procès. Bien qu'aucun des témoignages ne l'ait impliquée dans la commission de crimes sexuels, We are NOT Weapons of War suit le procès afin d'évaluer comment les tribunaux nationaux traitent les cas de violence sexuelle commis par des membres de l'EI. En effet, l’organisation a systématiquement eu recours à la violence sexuelle pendant le conflit, pourtant les tribunaux nationaux n'ont pas encore reconnu et condamné ces actes en tant que graves violations du droit international pénal.

 

En Europe, peu de membres masculins de l'EI - les principaux auteurs de violences sexuelles - ont été arrêtés ou poursuivis. Ce sont plutôt les femmes rapatriées qui ont fait l'objet de poursuites, principalement pour leur association avec une organisation terroriste, plutôt que pour des crimes internationaux. Toutefois, cette situation évolue  à mesure que les systèmes judiciaires prennent conscience des biais de genre qui, historiquement, ont fait des femmes uniquement des victimes, et les reconnaissent désormais comme des criminelles de guerre potentielles. Certains pays poursuivent désormais les membres féminins de l'EI pour l'ensemble de leurs crimes, y compris ceux définis par le droit international. Cette évolution permet de mieux comprendre leurs responsabilités et de rendre une justice adaptée aux réalités endurées par les victimes. Poursuivre les violences sexuelles en tant que crimes internationaux est essentiel pour rendre des comptes et honorer les survivantes Yazidis.

 

Au fur et à mesure que ce procès progresse, We are NOT Weapons of War reste déterminé à défendre les droits des Yazidis et à veiller à ce que les voix des victimes soient entendues. Le procès en Suède est une étape cruciale vers la justice et l'obligation de rendre des comptes pour ces crimes de masse. Il souligne également la nécessité de remettre en cause les préjugés sexistes dans les procédures judiciaires et de reconnaître la violence sexuelle comme un élément essentiel des crimes internationaux. Nous continuerons à documenter les procédures et à fournir des mises à jour sur cette affaire importante.


[1] L’équipe d'enquête pour promouvoir la responsabilité des crimes commis par Daech/ISIL

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